La naissance de la traversée

Magnifique reportage de Mireille Roberge, retraçant l’histoire de la Traversée de Charlevoix et de son bâtisseur : Eudore Fortin. En complément au reportage, nous invitons à consulter également le très beau docuweb Empreintes.

Eudore Fortin

Né à Saint-Urbain en 1930 et fils d’un authentique coureur des bois, Eudore Fortin a été le grand bâtisseur et l’âme dirigeante de la Traversée de Charlevoix. Il a habité longtemps près du parc des Grands-Jardins dont il connaît les moindres recoins et a même été, pendant quelques années, le gardien de la tour au sommet du Mont du lac des Cygnes (à l’époque où existaient encore des tours de surveillance des incendies de forêts). C’est d’ailleurs lui qui a développé la plupart des sentiers environnant le lac des Cygnes, aujourd’hui devenu parc provincial. Ce valeureux travailleur a gardé de ses ancêtres, le goût du travail acharné et l’amour de la nature.

Un premier refuge et des sentiers

En mai 1977, aidé par la Fédération québécoise de la montagne, Eudore entreprenait la construction d’un premier refuge auquel s’ajoutait un réseau de sentiers menant au pied des parois d’escalade que l’on retrouve dans le secteur. À l’automne 1978, à l’aide de cartes topographiques et de relevés sur le terrain, il mettait en marche le projet d’un sentier de longue randonnée à ski. En effet, le relief particulier de cette portion de l’arrière-pays montagneux de Charlevoix se prêtait à la pratique de ce sport, activité inexistante au Québec à ce moment-là.

Notre travailleur acharné a exploré les lieux, bûché, débroussaillé et construit les refuges le long du sentier. Après plusieurs mois d’efforts concertés et de travaux importants, le sentier de la Traversée de Charlevoix à ski était devenu une réalité. À ce stade, on avait complété le défrichage et le balisage du sentier sur tout son parcours (105 km), et érigé des ponts permettant le passage au-dessus des nombreux cours d’eau qui sillonnent le territoire.

C’est aussi à ce moment que l’on a terminé la construction de six refuges couvrant la totalité du parcours. Ces refuges permettaient de recevoir les groupes de skieurs voulant vivre ce raid, reconnu aujourd’hui comme l’une des plus grandes expériences de plein-air du Québec.

​Après plus d’une douzaine d’années d’implication dans ce dossier, la Fédération québécoise de la montagne a laissé la planification et l’organisation des activités de ce sentier de longue randonnée à un organisme régional : la Traversée de Charlevoix Inc., un organisme privé à but non lucratif, dont les objectifs sont de contribuer à l’aménagement, l’entretien et à l’administration du réseau de sentiers de la Traversée de Charlevoix et dont Eudore est aujourd’hui le président.

En 1991, l’organisme procédait à la construction de six chalets montés pièce sur pièce, sans un clou, selon la méthode scandinave. Plus spacieux que les refuges, ces chalets permettaient de hisser la capacité totale de l’hébergement à près de cent quarante personnes. Les chalets sont équipés de poêles à bois, de systèmes d’éclairage au propane, d’un ameublement approprié au type de construction et se trouvent toujours à proximité d’eau potable.

​Depuis, divers travaux d’aménagement ont permis de rendre le sentier accessible  aux amateurs de randonnée pédestre et de vélo de montagne.

Au cours des dernières années, la Traversée de Charlevoix a bonifié l’offre faite aux amateurs de plein-air, rendant la longue randonnée plus accessible et plus sécuritaire, en proposant un nouveau produit : la Traversée Super de luxe, un service incluant les droits d’utilisation du sentier, l’hébergement, le transport des bagages et de la nourriture ainsi que le déplacement des véhicules du point de départ à l’arrivée.

On inaugurait, le 25 juillet 1997, le chalet du Dôme qui avait été détruit par les feux de forêts de 1991. Ce chalet permet d’accueillir une vingtaine de personnes. En novembre 2005, le chalet l’Eudore, qui peut accueillir une quinzaine de personnes, est venu augmenter la capacité d’accueil de ce sentier fabuleux. Eudore et son équipe ont peaufiné de nouveaux sentiers sommitaux rayonnant autour de ce dernier chalet, afin de permettre aux randonneurs moins initiés aux longues randonnées, des parcours reliant le point de départ de la «Traversée de Charlevoix» au sommet du Mont Dôme, à celui du lac à l’Empêche, ainsi que le mont Du-Four.

Depuis le 17 mai 1998, la réputée «Traversée de Charlevoix» est maintenant partie intégrante du «Sentier national au Québec». Le sentier est aussi l’un des tronçons du «Sentier trans-canadien». Cette réalisation s’inscrit dans un projet plus vaste qui est de développer un sentier pédestre ininterrompu reliant l’Atlantique au Pacifique.

​L’histoire ne s’arrête pas là, Eudore, ce bâtisseur infatigable, grâce à sa contribution au monde du plein air et du tourisme d’aventure, s’est mérité le titre de «Personnalité touristique de l’année 1998» lors des Grands Prix du Tourisme de Charlevoix.

​En 2001, la Traversée de  Charlevoix méritait le «prix national Argent – Tourisme de plein air et d’aventure – moins de 10 000 visiteurs» aux Grands Prix du Tourisme québécois.

​En 2004, Aventure Écotourisme Québec octroyait à Eudore Fortin et à la Traversée de Charlevoix son prix «Coup de Coeur».